Après les élections communales et nationales en 2023, nous venons d’aborder une nouvelle année électorale, celle du scrutin européen. Un nouveau Parlement européen sera élu et, par la suite, une nouvelle Commission européenne sera désignée et approuvée. La FEDIL accorde une attention particulière à ce rendez-vous démocratique quinquennal, sachant que les politiques proposées par la Commission et approuvées par les députés en leur fonction de colégislateur jouent un rôle de plus en plus important dans la vie des entreprises. À quatre mois de l’échéance électorale, nous sommes curieux d’apprendre et de discuter les grands projets politiques portés par les candidats, et notamment par les têtes de liste que les principaux partis sont en train de désigner. Après cinq années marquées par la crise du COVID qui a failli ébranler les fondements de l’unité européenne, par l’agression russe contre l’Ukraine et la crise énergétique qui s’en est suivie et par l’implémentation du projet politique dominant du « green deal », quelle perspective nous offriront-ils pour la deuxième moitié de cette décennie ?
Cette année électorale a démarré avec une série de démonstrations, de grèves et de protestations perturbantes à travers l’Europe qui reflètent un malaise grandissant dans un certain nombre de catégories socioprofessionnelles. En même temps, les sondages politiques témoignent d’une rupture croissante avec les partis traditionnels au profit des extrêmes. Les récentes (contre)performances économiques et les prévisions de croissance affichées par l’Union européenne ne sont pas de nature à améliorer ce climat. Au contraire, l’Europe est en train de se faire décrocher économiquement par les États-Unis qui nous battent aussi en matière de réindustrialisation.
Au cours des cinq dernières années, le volume législatif européen a connu une croissance significative. Une augmentation du volume législatif européen peut avoir des effets économiques bénéfiques lorsqu’elle reflète la volonté d’harmoniser des politiques nationales et de favoriser la coopération entre les États membres. Or, contrairement à l’objectif d’intégration européenne et de simplification qui y va de pair, nous devons malheureusement constater que l’extension de l’arsenal des directives et règlements communautaires se traduit par un carcan de plus en plus complexe confrontant les entreprises à une charge administrative démesurée. On a de plus en plus l’impression que les entreprises et les administrations locales sont débordées. Au lieu de faire progresser nos économies, les règles édictées provoquent des pertes de productivité et parfois des frustrations.
Cette approche politique doit être reconsidérée. Durant le prochain quinquennat européen, les mandataires politiques devront s’engager dans la recherche de solutions, et non pas de problèmes. Quels types de solutions ? D’abord, une réduction significative de la charge administrative créée par le passé. Des mesures concrètes et non pas des paroles, tel devrait être le nouveau KPI remplaçant celui du nombre de nouvelles règles édictées. Ensuite, une vraie offensive en matière de R&D accompagnée d’un encouragement et d’un encadrement facilitateur, susceptible de provoquer une sérieuse accélération des innovations. Les ambitions sociales, écologiques et géopolitiques de l’Union européenne exigent des percées technologiques. Finalement, le déploiement des solutions au niveau des collectivités, des entreprises et des ménages exige un effort d’investissement hors du commun. Hors du commun en termes de volume et de vitesse.
La première moitié de cette décennie a été marquée par la définition de multiples objectifs, par une accélération de la machine législative et par une multiplication des contraintes qui ont tendance à étouffer les entreprises en général et l’esprit d’entreprise en particulier. La deuxième moitié de cette décennie devra être consacrée à la digestion et à la décantation des contraintes et des charges additionnelles. Ceci exige une bouffée d’oxygène sous forme de temps accordé à la mise à niveau de nos infrastructures et de nos outils productifs, sous forme de développements technologiques et sous forme de mobilisation et d’injection des ressources financières requises.
En attendant, la Commission européenne, au lieu de reconnaître ce besoin de répit, persiste et signe avec sa récente communication sur la cible climatique de l’UE à horizon 2040, où l’exécutif européen privilégie un objectif de réduction de 90 % d’émissions nettes de gaz à effet de serre, alors que la réalisation des -55% en 2030 est loin d’être assurée.